Apprentissages tout au long de la vie

Vers un renouveau de la VAE

Gilles PINTE

Nous fêtons cette année les 20 ans de la VAE avec un bilan contrasté. 

Le dispositif est davantage connu des salariés et des entreprises mais le nombre de candidats stagne. Face à ce constat et pour y remédier, l’Assemblée nationale a voté le 5 octobre une loi pour regénérer le dispositif en le simplifiant afin d'atteindre l'objectif de 100 000 parcours par an d'ici cinq ans, soit le triple de 2021. Pour alimenter leur réflexion, les législateurs ont pu s'appuyer sur le rapport Rivoire et l'expérimentation qui en a découlé avec le test d'une VAE "parcours", plus rapide, lancé en juin auprès de 3 000 candidats et reconnaissant tous types de compétences et non pas uniquement celles liées aux gestes métier.

La VAE pose de multiples questions méthodologiques. Si le fait de valider des compétences formelles, c’est-à-dire des savoirs ne pose plus trop de problèmes, la validation de compétences non-formelles ou informelles est plus délicate. Comment identifier des compétences développées dans un cadre informel, puisque par nature celles-ci peuvent rester floues et comment valider des compétences acquises dans un cadre qui ne relève pas du contexte professionnel ? Les apprentissages informels restent la boîte noire de la pédagogie et des théories en éducation et en formation.

Notre rapport aux savoirs évolue également sans cesse avec un accès quasi illimité aux outils numériques et une digitalisation de la société qui fait circuler les informations plus vite.

Ainsi on apprend toujours seul mais jamais sans les autres comme le souligne le psychologue Philippe Carré.

 

Comment alors apprendre ensemble ?

Il s’agit de l’apprentissage vicariant qui selon Albert Bandura est ce que l’on apprend en marge de l’enseignant, du formateur : il peut s’agir de regarder quelqu’un qui sait faire, d’écouter quelqu’un qui a de l’expérience… Observer la réussite ou l’échec d’autres personnes dans une tâche peut jouer sur le sentiment d’efficacité d’un individu par rapport à cette tâche, surtout si ces personnes partagent avec lui un certain degré de similitude qui favorise le processus d’identification. La comparaison sociale est surtout efficace si l’objectif de la tâche est présenté comme une occasion de développer ses compétences ou habiletés.

Les territoires peuvent être ces tiers-lieux d’apprentissage mais une des difficultés consiste à identifier les acteurs que sont les entreprises, les centres de formation, les collectivités territoriales, les associations et à les faire sortir de leur périmètre pour travailler ensemble.

La théorie de l’apprentissage social de Wenger (1998) est intéressante pour aborder la façon dont on apprend dans des lieux physiques ou virtuels. Wenger en distingue quatre : la communauté d’intérêt, la communauté d’intérêt intelligente, la communauté d’apprenants et la communauté de pratiques. Ce sont certainement ces communautés d’apprenants et de pratiques qui peuvent faire d’un territoire, un véritable territoire apprenant.

Auteur : Gilles PINTE, Maître de conférence à l'Université Bretagne Sud, le 26 octobre 2022

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